Sans les collemboles, nous serions envahis par les champignons
Qui sont les collemboles ?
De l’Alaska à un village de la Creuse, les Collemboles sont présents partout, dans tous les milieux naturels : forêts, prairies, déserts, montagnes, et même au sein des glaciers ! Saviez-vous qu’ils font partie des plus anciens animaux terrestres ? La preuve de leur ancienneté est l’existence de fossiles datant de plus de 400 millions d’années. Les scientifiques les classent en tant qu’arthropodes, aux côtés des araignées. Fait étonnant, les collemboles, ressemblant pourtant à des insectes, se rapprochent plus des crustacés ! Dans votre jardin, vous aurez du mal à les distinguer à l'œil nu, en raison de leur taille (moins de 5 millimètres) ! Très sociables, les collemboles s’agglutinent dans des endroits bénéficiant des meilleures conditions. Les milieux humides et riches en matière organique peuvent accueillir jusqu’à 200 000 collemboles au m².
Des mini-superhéros du sol
Coloniser tous les milieux terrestres exige une alimentation très variée : algues, excréments, champignons, bactéries et d’autres substances organiques. L’examen d’un milieu permet de distinguer les collemboles de surface et les collemboles du sol. Ceux du sol sont les plus grands consommateurs de champignons, plus précisément le mycélium qui est la partie végétative du champignon. Sans l’action de ces minuscules animaux, nous serions sans doute envahis par les moisissures. Non seulement les collemboles régulent la prolifération des champignons. En revanche, ces insectes les dispersent là où les milieux sont pauvres. Tout comme les vers de terre, les collemboles sont les garants de l’équilibre et de la fertilité du sol. Les matières décomposées par les collemboles sont transformées en humus : la couche supérieure du sol. L’humus est particulièrement riche en nutriments essentiels aux végétaux. Certains sont nuisibles aux cultures, mais la grande majorité des collemboles sont bénéfiques et contribuent à lutter contre des certains ravageurs. Comment ? Ils consomment, par exemple, les ravageurs du concombre et du coton. Certaines espèces sont même capables de dépolluer des milieux en consommant des métaux lourds. Ces petits insectes pourraient ouvrir la voie à une solution naturelle et efficace dans la dépollution des sols.
Des bio-indicateurs
La présence des collemboles varie selon le taux de matière organique, de la disponibilité en eau et de la pollution des sols. On parle alors d’une espèce dite “bio-indicatrice” lorsque sa présence indique la qualité d’un milieu naturel.
Des champions de l’adaptation
Depuis 400 millions d’années, les collemboles se sont adaptés aux climats les plus extrêmes de la planète. Selon leur environnement, les collemboles se sont spécialisés plusieurs dizaines de milliers d’espèces. Leur capacité d’adaptation est si développée que les scientifiques espèrent que la crise climatique actuelle n’aura que peu d’incidence sur cette espèce. Toutefois, les produits phytosanitaires sont nouveaux pour eux, sauront-ils s'adapter une nouvelle fois ? Des études sont en cours… Pour coloniser plus rapidement un milieu, certaines espèces pratiquent la parthénogenèse. Celle-ci se définit comme une reproduction non-sexuée, processus de production d’autres individus à partir d’un œuf non fécondé par un mâle. Ce phénomène, très répandu chez les insectes dont les abeilles, permet une multiplication très rapide d’une population Aération du sol, décomposition, régulation des ravageurs, dépollution : les collemboles sont aussi minuscules qu’utiles. Lors de votre prochaine balade, pensez à regarder le sol de près, vous aurez peut-être la chance d’observer des collemboles !