MyTree - 19/09/2022

Replanter des haies pour protéger les chauves-souris

Bien que discrètes, les chauves-souris ont un rôle important dans la régulation des insectes. Des alliées bien précieuses pour l’agriculture et la viticulture.

 

 

Des surprenantes créatures de la nuit

A l’évocation des chauves-souris, vous pensez à ces créatures de la nuit suceuses de sang ? Ce cliché est loin d’être vrai concernant les chauves-souris européennes qui sont insectivores. En revanche, il existe quelques espèces d’Amérique latine qui se nourrissent de sang.

Une autre particularité propre aux cétacés et à d’autres mammifères comme les chauves-souris est leur capacité à connaître leur environnement à travers l'émission de sons et l'interprétation de l'écho que produisent les objets qui les entourent ou « écholocation ». L'écholocation ressemble à un sonar actif, l'animal émet un son qui rebondit en rencontrant un obstacle, et analyse l'écho reçu. Ces dernières émettent des ultrasons par leur nez ou bouche qui se répercutent sur les obstacles. Leurs grandes oreilles perçoivent ainsi les répercussions.

La chauve-souris est un animal bien singulier. Elle hiberne la tête en bas. Comme tout animal sauvage, leur survie dépend d'une stratégie d’économie d’énergie. En ayant la tête en bas, les chauves-souris n’ont qu’à se laisser tomber pour s’envoler. Sa morphologie lui permet de rester dans cette position sans dépenser d’énergie. En hiver, la chauve-souris entre en léthargie pour survivre jusqu’au printemps où les insectes se feront plus nombreux. Les grottes et autres lieux humides sont de parfait gîtes d’hibernation.

 

Des sentinelles de l’environnement

En tant que chasseuses nocturnes, la chauves-souris d’Europe peut consommer une quantité d’insectes jusqu’à ⅓ de leur poids, ce qui équivaut à 2 000 moustiques ! C’est un véritable insecticide naturel.

Leurs lieux de chasse sont où là il y a des insectes : haies, prairies, vergers, mares, jardins… Elles sont ainsi d'excellentes alliées pour l’agriculture. A l’heure où de nombreuses solutions alternatives aux insecticides sont recherchées, ces animaux font partie des auxiliaires de cultures au même titre que les oiseaux. Une espèce de chauve-souris est particulièrement efficace pour réguler les ravageurs : le Murin à oreilles échancrées. Cette espèce est un grand prédateur de la Mouche des étables et de la Mouche d’automne, toutes deux vecteurs de maladies et irritantes pour le bétail.

 

Réseaux bocager : garant de leur survie

Depuis les années 1950, les chauves-souris sont en déclin, certaines espèces sont menacées d’extinction. Parmi les causes, citons l’utilisation des insecticides qui réduisent le nombre de leurs proies et la réduction de ses habitats : réseaux routiers ; fermetures des greniers. Pour enrayer cette diminution inquiétante, toutes les espèces de chauves-souris sont devenues protégées.

Planter des haies contribue ainsi à favoriser une diversité paysagère pouvant accueillir les chauves-souris. Le maillage bocager (haies, bosquets et forêts) est fondamental pour le déplacement entre les gîtes de reproduction et d’hibernation ou encore pour rejoindre les terrains de chasse. C’est pourquoi il est important de relier les milieux naturels. Les fractionner revient à réduire les habitats. Par exemple, une coupure de plus de 10 mètres dans une haie est un obstacle au petit Rhinolophe. Le réseau routier est une des principales causes de mortalité.

 

Quand viticulture et chauve-souris se rencontrent

Le ver de la grappe est un ravageur de la vigne très virulent. Les chenilles de ce papillon de nuit se nourrissent des fleurs et des raisins des vignes. Pour s’en débarrasser sans avoir recours aux insecticides, des études sont menées pour mesurer l’impact des chauves-souris sur les populations de ravageurs. C’est notamment le cas du programme Vitichiro mené par La Ligue de Protection des Oiseaux, l’INRAE, le bureau d’études Heliomys et le CIVB (Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux). L’étude met clairement en évidence le rôle d'auxiliaires de culture des chauves-souris. Trois espèces ont un grand appétit pour les vers de la grappe : l’oreillard gris, la pipistrelle de Kuhl et la pipistrelle commune. L’étude a démontré que leur activité de chasse augmente de 300 % lors du pic d’émergence des vers.

Un levier d’action pour attirer les chauves-souris est d’augmenter le nombre de corridors écologiques afin de les attirer dans les vignobles. Certains vignerons, notamment dans la région d’Angers, commencent à planter des haies entre les rangs de vigne. Le résultat attendu : plus de chauve-souris et moins d’insecticides. Dans quelques années, ces vignerons constateront les bénéfices de ces auxiliaires de cultures.