Les haies au secours des animaux pendant les canicules
La haie bocagère : une ressource fourragère…
Absence d’eau potable dans certaines communes, des rivières asséchées, des forêts en stress hydrique ! L’eau est une ressource précieuse dont nous manquons sévèrement en été. Le manque d’eau impacte fortement les rendements des cultures. Chez certains éleveurs, on commence déjà à puiser dans les réserves de fourrage normalement destinées pour l’hiver.
Les agriculteurs s’adaptent en plantant des plantes fourragères tolérantes à la sécheresse telles que le sorgho ou le millet perlé. Une autre stratégie est le choix des variétés précoces (certaines variétés de ray-grass anglais, ray-grass d’Italie et la fétuque élevée). Pourtant, parmi les solutions existantes, une pratique est sous-exploitée pour subvenir aux besoins nutritifs des animaux : celle de la haie bocagère.
Le projet PARASOL de l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) s’est penché sur l’intérêt de l’exploitation des haies dans l’élevage. Les résultats sont prometteurs. Onze essences d’arbres ont été étudiées concernant leur composition chimique et la digestibilité des feuilles. Parmi ces essences, le frêne, le tilleul, l’aulne, le châtaignier et le murier blanc ont des excellents intérêts énergétiques et protéiques. Le frêne et le mûrier ont des valeurs alimentaires similaires à des espèces prairiales (ray-grass, chicoré) et supérieures au foin ! Par ailleurs, ces essences sont autant digestibles, voire mieux, que les traditionnelles espèces fourragères.
Concrètement, plusieurs méthodes d’affouragement (nourrir les animaux avec le fourrage) sont pratiquées :
l’affouragement sur table : après la taille des arbres, les animaux consomment directement les feuilles et les branches. L’inconvénient est le piétinement du sol.
l’affouragement sur la parcelle : les végétaux taillés (ou non taillés) sont consommés au sol ou directement sur les branches. Un piétinement peut endommager le sol et certains végétaux piétinés deviennent immangeables.
l’affouragement en stabulation : les végétaux taillés sont ramassés à la stabulation où les animaux les consomment. Un investissement de temps est nécessaire.
Selon la Chambre d’agriculture de la Mayenne, deux fagots de saule blanc (4m³) sont suffisants pour nourrir une vache et son veau pendant 1 mois en suivant l’affouragement frais en stabulation.
Dans les prairies agroforestières, l’herbe pousse plus lentement mais elle se révèle de meilleure qualité. Cependant, l’étude PARASOL révèle qu'au-delà de 150 arbres/ha, les arbres font de la concurrence aux surfaces enherbées des prairies. La compétition arbre/herbe peut être limitée en exploitant durablement le bois (bois plaquette ou bois litière) ce qui représente un revenu complémentaire pour l’agriculteur. En été, la présence d’herbe sèche incite les agriculteurs à puiser dans leur stock de fourrage hivernal. Pourquoi ne pas exploiter les haies en complément fourrager ? Pour faire face au changement climatique, la diversification fourragère est indispensable. Planter des haies comme ressources fourragères est une solution sur le long terme, si les haies sont bien entretenues.
…et une source d’ombrage et de fraîcheur
Lors des vagues de chaleurs, les éleveurs sont confrontés à la problématique du stress thermique de leur cheptel. Des études pointent du doigt l’impact négatif des températures extrêmes sur l’organisme et, par extension, sur la capacité de production et de reproduction. Les animaux apprécient la présence d’arbres lors des canicules. Il ressort de l’étude PARASOL que les brebis et les bovins recherchent activement l’ombre des arbres pour pâturer et se reposer. En effet, les haies créent un microclimat en régulant les températures et en diminuant l’intensité du vent et des précipitations. Plus précisément, selon l’INRA, le long des haies la température diminue de 3°C à 6°C pendant les périodes de fortes chaleurs.
Toutes les prévisions scientifiques s’accordent à dire que les périodes de sécheresse deviendront plus intenses et longues. Les haies bocagères ont prouvé leur efficacité pour répondre aux enjeux de l’agriculture de demain. Il est urgent d’anticiper les besoins des animaux d’élevage en garantissant leur bien-être grâce aux arbres !