Les fourmis, plus efficaces que les pesticides !
Les fourmis sont des alliées précieuses des agriculteurs
Les fourmis appartiennent à la famille des formicidae. Ce sont les insectes les plus nombreux de notre planète avec plus d’un quadrillion d’individus ! Petites et nombreuses, les fourmis contribuent au bon fonctionnement des écosystèmes. En premier lieu, ils sont des nettoyeurs hors pair de l’environnement. Les fourmis sont capables de décomposer toutes sortes de matières organiques (animaux morts, végétaux, etc.). De plus, leur rôle dans l’aération du sol est fondamental : elles creusent des galeries et transportent des particules. Les vers de terre ne sont pas les seuls ingénieurs du sol ! Un rôle tout aussi important des fourmis est la prédation des parasites. C’est d’ailleurs le sujet d’étude d’une recherche à propos des contributions des fourmis sur la régulation des maladies et parasites des cultures agricoles.
Lutter contre les maladies
D’après une récente étude publiée dans Proceedings of Royal Society B, les fourmis sont autant, voire plus efficaces que les pesticides. Les chercheurs ont analysé les résultats de 28 études réparties sur 15 pays différents. Au total, 30 espèces de parasites et 26 espèces de fourmis ont été étudiées. Ces dernières sont capables de tuer une large gamme de parasites, réduisant ainsi les dommages causés aux cultures.
L’étude n’a pas sous-estimé l’aspect négatif en raison de la multitude de fourmis dans les parcelles agricoles. Les fourmis, comme prédateurs, peuvent causer une diminution des populations de pollinisateurs et des auxiliaires de cultures. Elles peuvent aussi transporter des pathogènes au sein des cultures. Cependant, l’étude souligne que les bénéfices qu’apportent la présence des fourmis surpassent les inconvénients. Ainsi, certaines espèces de fourmis sont plus efficaces que les pesticides pour réduire les ravageurs. Ce sont particulièrement les fourmis rousses de la méditerranée (Pheidole pallidula), les fourmis noires de jardin (Lasius niger) et les fourmis de la péninsule ibérique (Lasius grandis) qui sont les plus abondantes pour réguler les pathogènes dans 13 types de cultures tels que le cacao, les agrumes, les mangues et les pommes.
Autre constat de l’étude : plus la diversité des espèces de fourmis est grande, plus la régulation concerne un large panel de parasites. La nature ne laisse planer aucun doute, la diversité dans est la clé pour un écosystème en bonne santé. C’est pourquoi la lutte biologique contre les pathogènes ne peut se restreindre aux fourmis. Chaque être vivant a un rôle. Le déclin d’une espèce entraîne souvent la prolifération d’une autre, ce qui déséquilibre tout l’écosystème. Et l’agriculture peut en subir les conséquences.
Des haies pour accueillir les fourmis
Si la présence des fourmis est essentielle, encore faut-il pouvoir leur offrir un habitat adapté. L’étude a démontré que les fourmis sont d’autant plus efficaces lorsqu’elles sont dans des endroits ombragés et particulièrement dans les systèmes agroécologiques. Planter des arbres proches ou au sein des cultures permet d’optimiser la régulation des pathogènes et d’augmenter la biodiversité du milieu. Certaines conditions sont à respecter pour que les fourmis puissent jouer leurs rôles. Une gestion adaptée, c’est avant tout le respect de la structure des sols pour que les fourmis puissent hiberner l’hiver. Des fourmilières prennent aussi place dans du bois mort. La présence d’arbres vivants ou morts n’est pas à négliger ! Ces derniers sont utiles à l’alimentation des fourmis mais elles rendent la pareille aux arbres. Certaines fourmis (les fourmis des bois) sont des prédateurs de ravageurs d’arbres comme le scolyte qui ravage les forêts de l’Est. Les fourmis des bois sont d’ailleurs protégées en France et classées dans la liste rouge des espèces menacées.