La migration des papillons en automne
Un éternel aller-retour
La migration des papillons, moins connue que celle des oiseaux, s’opère en automne, et pour les mêmes raisons : échapper aux dures conditions de l’hiver européen et remédier aux manques de ressources nourricières. A l’arrivée du printemps, la sécheresse et la chaleur les poussent à la recherche d’un climat plus tempéré au Nord. Ces insectes ailés peuvent parcourir des distances de plus de centaines de kilomètres.
La migration spectaculaire des monarques, en Amérique du Sud, est d’ailleurs un rendez-vous à ne pas manquer pour les amateurs et spécialistes des papillons. C’est surtout le nombre de papillons qui est impressionnant, plusieurs millions d’individus se déplacent ensemble sur 4 000 km, du nord des Etats-Unis jusqu’au Mexique.
Tous les papillons ne prennent pas la route dès les premières fraicheurs. En France, 300 espèces sont reconnues comme migrateurs, les autres choisissent de braver l’hiver sur leur lieu d’origine. Au stade larvaire, ces dernières se mettent en pause pour survivre à l’hiver. Parmi les papillons adultes, certains meurent en raison du froid, d’autres tentent de se terrer sous des écorces, des feuilles ou dans les caves. Le paon du jour et le citron réussissent d’ailleurs ce tour de force à survivre l’hiver en Europe.
Comment se passe la migration ?
L’observation de ces fragiles insectes dotés de fines ailes qui pèsent moins d’un gramme, pose question : comment font-ils pour parcourir des milliers de kilomètres ? Le principal outil de déplacement des papillons est le vent, le soleil étant leur point de référence pour se diriger. Leur système de navigation repose sur leur boussole interne et leurs antennes qui repèrent la position du soleil.
La température est le signal de départ, les papillons attendent les vents favorables et se laissent porter. Cette année, les mois de septembre et d’octobre particulièrement chauds, la migration a été plus tardive. Avec des hivers doux et moins pluvieux, les effets du changement climatique peuvent impacter les migrations, certains papillons n’auront peut-être plus besoin de migrer. Ce phénomène de sédentarisation est déjà observé chez les oiseaux.
Certaines espèces attendent d’être en nombre suffisant pour se déplacer en groupe. Une fois le voyage initié, les papillons empruntent des couloirs migrateurs avec des vents favorables qui les guident le plus directement à leur destination. Pour rejoindre l’Afrique, le but est d’emprunter le chemin le plus facile en traversant le moins possible la mer méditerranée. Le détroit de Gibraltar est un lieu de passage majeur entre l’Europe et l’Afrique. Un autre couloir de migration est le trajet Afrique-Corse ou Sardaigne puis le long des côtes méditerranéennes.
Les voyages de migration durent en moyenne 4 mois, plus long que l’espérance de vie de certaines espèces. Les papillons doivent donc se reproduire durant la migration, les individus présents au départ ne seront pas les mêmes que ceux qui atteindront leur destination. On assiste alors à une migration inter-générationnelle, le nombre de générations dépend de l’espèce.
La belle-dame, un grand migrateur d’Europe
La belle-dame est un papillon très répandu sur le territoire français et sur tous les continents exceptés l'Antarctique et l’Amérique du Sud. Ce papillon est reconnaissable par ses ailes oranges tachetées de noir. On le retrouve dans des habitats très héterogènes, du désert jusqu'aux forêts denses.
La belle-dame est un véritable globe-trotter. Sa migration est très suivie par les programmes d’observations participatifs. Ce papillon migre au printemps à partir d’avril pour passer l’été en Europe puis redescend en Afrique dès le mois de septembre. Ce papillon est particulièrement rapide, il peut parcourir jusqu’à 500 km en un seul jour ! Son voyage d’un total de 15 000 km fait de la belle-dame un des plus grands papillons migrateurs. Parmi les insectes, c’est la plus longue migration enregistrée.
En France, d’autres papillons prennent la route vers l’Afrique : le soucis, le vulcain, le moro-sphinx, la piéride du choux, la piéride de la rave…