La Pie-grièche écorcheur : témoin de la biodiversité de nos campagnes
Quel est cet oiseau masqué ?
« La Pie-grièche écorcheur », ce nom singulier lui vient de son habitude alimentaire très spécifique. Amateur d’insectes, l’oiseau chasse dans les plaines et ce qu’il ne consomme pas immédiatement finit empalé sur une épine ou un fil barbelé. Ainsi, la pie-grièche écorcheur bénéficie d’un stock de nourriture lors des jours de chasse peu abondants.
De taille de petite à moyenne (16 à 18 cm), cet oiseau passerait presque inaperçu avec son plumage marron, gris et beige s’il n’avait pas une bande noire caractéristique à l'œil. Attention, seul le mâle aborde cette marque, la femelle est plus discrète avec une petite tâche marron à l’œil. Les jeunes sont également peu différenciés des femelles. Au printemps, le couple installe son nid dans les arbres, en hauteur. Dans les milieux très favorables à l’espèce, on peut trouver un couple nicheur tous les 100 mètres. Très territorial, le mâle défendra son territoire à coup de cris nasillards. A peine arrivés, déjà partis ! Car dès la mi-juillet, le couple s’envole vers l’Afrique pour plusieurs mois. Une des particularités de cette espèce est sa migration en boucle : elle migre vers l’Afrique subsaharienne via les Balkans et l’Egypte, puis revient en Europe de l’Ouest via la péninsule arabique et la Turquie.
Saviez-vous que la pie-grièche écorcheur peut imiter le chant d’autres oiseaux ? Ses nombreuses imitations peuvent tromper facilement un ornithologue. Il n’est pas le seul oiseau à en imiter d’autres. On retrouve parmi eux le Drongo à raquette qui imite le cri d’alerte d’autres espèces pour les faire fuir afin de voler leur nourriture.
Une espèce bio-indicatrice pour des milieux naturels en bonne santé
La haie bocagère est son habitat idéal pour deux raisons. La première est que la haie offre de nombreux endroits pour faire un nid grâce à la présence d’arbustes et de buissons. La Pie-grièche écorcheur apprécie notamment les églantiers, les aubépines et les prunelliers dont les épines lui serviront à empaler ses proies. La seconde raison est l’accès à des milieux ouverts (prairies, cultures, landes) afin de chasser. Son régime alimentaire est constitué principalement de gros insectes et même de petits mammifères. Depuis son perchoir, l’oiseau repère sa proie et l’attrape au vol ou sur le sol. Les Pies-grièches écorcheurs sont bien utiles aux agriculteurs pour contribuer à la régulation des campagnols qui font des ravages dans les prairies !
Les opérations de remembrement qui ont occasionné l’arrachage des haies dans le but d’agrandir les parcelles agricoles, ont touché les populations de Pie-grièche écorcheur surtout au cours de la période 1970-1990. Les reboisements ou boisements à grande échelle ont également un effet négatif par la suppression des espaces ouverts, utiles pour chasser. S’ajoute à cela l’utilisation des insecticides qui frappe la population de ses proies.
Son statut en tant qu’espèce protégée en Europe (Cf. convention de Berne et la « directive oiseaux ») a enrayé son déclin si bien que la population de Pie-grièche écorcheur semble s’être stabilisée. Pour rappel, le statut de protection interdit quiconque de chasser, de transporter et de porter atteinte à son habitat. Par ailleurs, sa reproduction sur un site inscrit ce dernier en tant que ZNIEFF (Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique). C’est pourquoi cette espèce est « bio-indicatrice » : sa présence indique la richesse de biodiversité d’un milieu. La Pie-grièche écorcheur a besoin de haies et de prairies riches en biodiversité. Si vous avez la chance de l’apercevoir, vous remarquerez sans doute d’autres oiseaux tels que la fauvette grisette et le bruant jaune.