MyTree - 12/03/2023

Ille-et-Vilaine - restaurer la ripisylve pour lutter contre les ragondins

En Ille-et-Vilaine, une ripisylve s’est progressivement dégradée par la présence d’une population croissante des ragondins. Il est urgent de renforcer les berges du cours d’eau.

 

 

Une commune face à l’invasion des ragondins

Une commune bretonne fait face à d’importants dégâts des eaux sur les rives d’une rivière au sein d’une zone humide. La principale raison est la prolifération de ragondins creusant des galeries dans les berges du cours d’eau. Ces galeries fragilisent les berges qui menacent de s’effondrer. S’ajoute à cela le caractère invasif des ragondins. Ils représentent une menace pour la biodiversité locale. La commune a donc décidé de restaurer la ripisylve avec pour objectif de renforcer les berges par la nouvelle plantation d’arbres dont les racines stabilisent le sol.

 

Une espèce invasive classée nuisible

Si aujourd’hui, le ragondin préoccupe les gestionnaires d’espaces naturels, ce n’est pas pour son potentiel écologique mais bien tout le contraire ! Son caractère invasif couplé à son apparence repoussante fait de cet animal l’ennemi n°1 des gestionnaires de milieux naturels, en particulier les zones humides puisqu’il est un mammifère semi-aquatique.

Le ragondin s’apparente à un gros rat de 7 kg, équipé de 4 incisives orange et d’une queue cylindrique. Présent sur l’ensemble du territoire français, on peut l'observer dans les mares ou sur les berges d’un ruisseau ou d’un fossé. Animal nocturne, le ragondin s’aventure aussi en journée à la recherche de nourriture (plantes, céréales, branchages...)

Originaire d’Amérique du Sud, le ragondin a été importé en France dès le XIXe siècle pour sa fourrure. De nombreux élevages ont été créés avec évidemment son lot de ragondins échappés et relâchés dans la nature. Avec l’absence de ses prédateurs naturels (puma, caïman, jaguar), les ragondins ont donc la voie libre pour se reproduire sans régulation écologique. S’ajoute à cela sa vitesse de reproduction, la femelle peut donner naissance jusqu’à 20 jeunes par an en 2 ou 3 portés.

Le changement climatique est un facteur favorable à sa prolifération, comme c’est le cas pour les autres espèces invasives (Arbre : comment la sécheresse favorise la prolifération des ravageurs). En période de gel, la queue des ragondins gèle et cela provoque sa mort. Les hivers doux sont ainsi favorables à l’expansion de l’espèce.

 

Des écosystèmes fragiles et menacés

La prolifération incontrôlée du ragondin représente une menace réelle pour certains de nos écosystèmes et pour la biodiversité. Les ripisylves, haies le long des cours d’eau, sont notamment victimes de ces rongeurs. La commune de Montfort-sur-Meu en est le parfait exemple : en creusant des galeries dans les berges de la rivière pour s’y loger, les ragondins fragilisent le sol des berges et provoquent leur effondrement.

Or, les ripisylves ont de multiples intérêts écologiques : limitation de l’érosion, épuration de l’eau, accueil de la biodiversité. De même, les espèces végétales aquatiques sont les victimes des ragondins. Les roseaux occupent une place prépondérante dans l’alimentation du ragondin, la consommation excessive de ces plantes dans une zone dénature l’écosystème et impacte sa richesse biologique. En effet, des oiseaux rares tels que le héron pourpré, le blongios nain et le busard des roseaux nichent dans les roselières.

 

291 arbres plantées sur la berge

Avec l’aide de la commune, nous avons planté des haies à 3 endroits différents sur la commune, là où les ragondins sévissent. Les plantations font respectivement 75 m, 30 m et 30 m linéaire. L’ensemble des haies sont doubles et plantées en quinconce pour renforcer la stabilité du sol.

Au total, 4 essences d’arbres et 11 essences arbustives ont été choisies pour leur capacité d’adaptation à un milieu humide : Aulne glutineux, Noisetier, Saule blanc, frêne commun, Saule fragile, Saule des vanniers, Viorne obier, Saule roux, Fusain d’europe, Sureau noir, Nerprun purgatif, saule pourpre, cornouiller sanguin, bourdaine, saule à trois étamines. Ces essences ont été plantées judicieusement en fonction de leur développement racinaire. Par exemple, les saules sont placés inclinés dans la berge afin d’optimiser le pouvoir de rétention par les racines.

En complément, des fascines sont installées près des berges pour les protéger des ragondins.