MyTree - 21/11/2022

La Chalarose du Frêne commun progresse encore

Pourtant résistant à la plupart des maladies, le Frêne commun est attaqué par la chalarose, un champignon pouvant entraîner la mort des arbres. Cette maladie progresse encore en laissant sur son passage des peuplements affaiblis.

 

 

Le Frêne commun : la 5e essence des forêts françaises

Le Frêne commun (fraxinus excelsior) est une essence commune du territoire français excepté le sud méditerranéen. Elle occupe d’ailleurs la 5e place des essences les plus répandues dans les forêts. Rustique, le frêne peut résister au froid et se développe mieux dans des milieux bien ensoleillés. Comme arbre de haut jet, il est souvent choisi pour enrichir la strate arborée des haies bocagères.

 

Une maladie relativement récente

Par la contamination de plants de frêne venus probablement d’Asie, les premiers dépérissements de frêne ont été repérés en Pologne dès les années 1990. Depuis, la maladie a progressé en Europe pour atteindre le territoire français en 2008. Seulement en 2006, la cause de mortalité des frênes est identifiée : le champignon ascomycète Hymenoscyphus fraxineus. Les arbres contaminés stoppent leur croissance puis se nécrosent au bout de 5 ans jusqu'au dépérissement.

En France, ce sont les forêts du Nord-Est les plus touchées, notamment en Franche-Comté, en Lorraine, en Alsace, dans le Nord-Pas-de-Calais. La maladie a progressé depuis 2008 pour atteindre le centre de la France. La présence de frênes atteints de chalarose a été observée même dans le Sud qui reste malgré tout peu impacté en raison de la faible population de frêne commun.

Ce champignon vit en équilibre dans le même écosystème que les frênes asiatiques, ces derniers sont épargnés, ce qui n’est pas le cas du Frêne européen. La chalarose se propage à une vitesse impressionnante, les spores du champignon sont diffusées par le vent pour infecter les feuilles et les branches des arbres sains. Il est également difficile de repérer la maladie puisque le stade très avancé se manifeste par une nécrose au collet.

 

Des études en cours pour identifier les frênes résistants

La maladie est loin d’être stoppée, selon l’INRA, elle progresse de 60 km/an. Des stations expérimentales composées de frêne sont étudiées afin de déterminer la sensibilité des arbres à la maladie. L’objectif majeur est donc de comprendre comment ces frênes résistent à la chalarose. Environ 1 à 3% des frênes possèdent des caractéristiques génétiques résistantes à la chalarose. L’intérêt serait d’isoler ces frênes résistants pour uniquement planter les descendants.

En fonction de leur environnement, les frênes ont une sensibilité différente au champignon. Une étude de l’INRAE Grand-Est a démontré que les frênes en forêts (milieu humide et frais) sont plus sensibles que les frênes implantés dans les haies. En raison de l’exposition au soleil, les frênes placés dans les haies bénéficient ainsi d’une température plus élevée ainsi que d’une humidité plus faible. De plus, la situation d’un peuplement monospécifique de frênes est défavorable au-delà de 5 m² car le champignon peut se développer facilement d’arbre en arbre.

La surveillance des peuplements infectés a démontré la corrélation entre la vitesse de propagation de la maladie et les conditions climatiques. La combinaison été pluvieux et hiver doux sont les conditions optimales pour le développement du champignon. En revanche, un été et un automne chaud limitent sa propagation, si la température dépasse 35°C sa survie est très basse.