MyTree - 30/06/2022
8 principes fondamentaux de l’agroforesterie
L’agroforesterie, ou comment joindre le système forestier à l’agriculture, est particulièrement adaptée pour développer une agriculture durable et productive.
Remettre l’arbre au coeur de l’agriculture
Les haies bocagères sont un symbole de ruralité et de paysage de nos terroirs. Pourtant, 70% du bocage français a disparu depuis 1950. Au profit de la croissance, les arbres ont perdu de leur valeur et leur place au sein de l’agriculture. Mais pourquoi la croissance ne rimerait pas avec l’écologie ? Des agriculteurs du monde entier l’ont prouvé et MyTree collabore avec certains d’entre eux afin de mettre en évidence que produire et respecter l’environnement se réalise ensemble pour un futur durable et viable.
Des essences locales
On ne le dira jamais assez : privilégiez les essences locales. Adaptées aux conditions pédoclimatiques locales, les végétaux se développeront de façon optimale. Le label végétal local vous garantit la provenance des arbres et arbustes.
En choisissant des arbres et arbustes locaux, vous éviterez de propager des espèces invasives. Non-indigène et introduite par l’Homme, les espèces invasives se propagent par manque de concurrence pour leurs ressources et par une facilité d'adaptation . Elles prolifèrent de façon exponentielle et représentent un danger pour le reste des végétaux qui ont moins de ressources à leur disposition. Par extension, les animaux dépendants de ces plantes indigènes sont également impactés. Parmi les espèces végétales invasives en France, on retrouve le robinier faux-acacia, l’ailante faux vernis du Japon, le buddléia (l’arbre à papillon), l’érable negundo... Le robinier faux-acacia est doublement menaçant de par sa toxicité pour les insectes xylophages et phytophages.
Des essences diversifiées
Une haie remplissant toutes ces fonctions est une haie composée de plusieurs essences d’arbres et arbustes. Expliquons nos pensées par la situation à éviter : la haie monospécifique. Cette dernière est fragile et sujette aux aléas climatiques et écologiques (insectes, maladies, tempêtes, sécheresse). Étant donné qu’une essence d’arbre a ses propres caractéristiques (besoin hydrique, profondeur des racines, résistance aux maladies,..), chaque essence réagit différemment face à un événement. Ainsi, il est préférable de diversifier les essences.
L’hétérogénéité des haies est également synonyme d’une riche biodiversité. La faune préfère des haies composées de strates arboré, arbustive et herbacés offrant une multitude d’habitats naturels.
Des essences résilientes
A part quelques récalcitrants, nous sommes tous conscient du risque climatique pesant sur notre futur tel l’épée de Damoclès. Face aux évènements climatiques toujours plus extrêmes et fréquents, nous nous devons de prendre en compte le changement climatique dans le choix des essences. Plusieurs outils existent pour guider les projets de plantations. Clim’essences propose de simuler l’adaptation des arbres avec 3 scénarios : scénario optimiste, scénario intermédiaire et scénario pessimiste. Les résultats sont présentés via des cartes de compatibilité climatique, vous pouvez vous-même y jeter un œil après avoir créé votre compte.
Voici quelques essences adaptés au changement climatique : Noyer commun, érable champêtre, pommier sauvage, alisier torminal, châtaignier commun, chêne vert… A contrario certaines essences ne seront pas adaptées et dépériront progressivement. En voici quelques-unes: chêne rouge d’Amérique, douglas, hêtre commun, épicéa commun, peuplier tremble…
Une plantation en fonction des conditions pédoclimatiques et des besoins de l’agriculteur
Planter des arbres, certes, mais à la condition d’adapter la plantation au lieu géographique. Une essence ne s’épanouira pas de la même façon en Bretagne ou sur la côté méditerranéenne. Un système agroforestier ne suit donc pas un modèle unique.
La composition d’une haie bocagère diffère en fonction des besoins de l’agriculteur. Pour créer une haie mellifère, nous conseillons des essences répondant aux besoins des pollinisateurs : le Pistachier, le Prunellier, le Cornouiller, l'Amandier, le Figuier, le Cerisier de sainte Lucie, l'Olivier, le Frêne à fleurs, l'Arbre à miel.
Une plantation dans les règles de l’art
Choisir son plan de plantation est une étape, mais pas la dernière. Plusieurs règles sont à suivre à chaque étape depuis la préparation de la terre jusqu’au suivi des plants. Les arbres et arbustes doivent être sains avec un système racinaire déjà bien développé pour pouvoir s’adapter rapidement au nouveau terrain. Une attention particulière doit être portée à la période de plantation, celle-ci doit se dérouler en hiver, hors période de gel et de vents forts.
Les bandes enherbées ne sont pas à négliger. Installées avant la plantation des arbres, les bandes enherbées, idéalement de 4m de largeur, sont composées de graminés et de légumineuses. Elles contribuent au ralentissement du ruissellement, à la stabilisation des sols ainsi qu’au maintien de l’humidité.
Une gestion écologique
Une plantation de haie bocagère n’a de sens que si celle-ci est gérée écologiquement. Afin de contribuer au maintien de la biodiversité, les produits phytosanitaires doivent être limités au maximum. De même concernant le labour en profondeur qui tuent de nombreux insectes et larves logeant dans le sol.
Connexion à l’échelle du paysage
L’intérêt de l’agroforesterie est d’étendre les impacts positifs au-delà de l’exploitation. Les haies bocagères font partie d’un réseau écologique nommé “Trame Verte” où peuvent circuler la faune et même la flore. Les haies sont de véritables voies de circulation reliant les boisements, prairies, et autres écosystèmes, on parle alors de “corridors écologiques”. Et leur rôle ne s’arrêtent pas là !
Refuge, site de reproduction et de nidification, lieu d’alimentation… La haie est un véritable support de vie de la biodiversité. En connectant les écosystèmes, les haies bocagères permettent un brassage génétique des espèces et offre un accès facile à une multitude d’habitat.