MyTree - 18/01/2023

Pourquoi enherber les rangs et les inter-rangs d’un verger ?

Pourquoi ne pas mettre à contribution les zones inter-rangs pour favoriser la production ? De nombreux arboriculteurs se sont posés la question avant de se lancer dans cette pratique agro-écologique. Même simple, cette pratique n’est pas pour autant appliquée partout.

 

 

L’entretien du sol dans les vergers représente un travail considérable en termes de temps et financier. Les adventices, appelés plus communément mauvaises herbes, sont des concurrentes aux arbres en portant préjudice aux ressources nécessaires à leur développement (lumière, eau, nutriments) surtout lorsqu’ils sont jeunes. En tenant compte des restrictions de l’usage du désherbant à base de glyphosate, les arboriculteurs se tournent de plus en plus vers l’enherbement afin de limiter le développement de ces adventices. Cette pratique d’enherbement consiste à recouvrir les inter-rangs et/ou les espaces entre les arbres d’une couverture végétale non compétitive. Mis à part les bénéfices environnementaux, cette pratique représente ainsi un gain de temps, indépendamment de quelques tontes.

 

De la santé du sol au bio-contrôle, les avantages sont multiples

Si une des motivations premières de l’enherbement des vergers est un entretien facilité du sol, les vergers enherbés ont apporté la preuve de leur efficacité sur d’autres aspects favorisant la production :

Pollinisation :  La pollinisation est le processus indispensable à la formation de fruits. L’enherbement est aussi une pratique qui permet aux fleurs issues de la couverture végétale d’attirer les insectes pollinisateurs en fournissant nectar et pollen. Certains arboriculteurs placent d’ailleurs des ruches au sein des vergers !

Bio-contrôle : Nombreux animaux trouvent refuge dans cette couverture végétale. Certains d’entre eux se nourrissent d’insectes, ravageurs des arbres fruitiers. C’est le cas de la coccinelle, prédatrice des cochenilles et des acariens.

Limitation de l’érosion hydrique et éolienne : l’ancrage des végétaux dans le sol diminue le ruissellement de l’eau et des particules de sol. Moins d’érosion signifie, par extension, moins de transfert des nutriments en aval. Le sol conserve ainsi sa richesse biologique et biophysique.

Meilleure gestion de l’eau : les racines des végétaux contribuent à l’aération du sol et ainsi à une meilleure infiltration de l’eau, aussi bien dans les couches superficielles que plus profondes du sol vers les nappes phréatiques. Les arbres fruitiers bénéficient ainsi d’une ressource hydrique plus accessible, surtout lors des périodes estivales où le stress hydrique est à son paroxysme.

Un sol fertile : les végétaux contribuent à la présence de micro-organismes dans le sol qui sont responsables de la décomposition de la matière organique. Ces micro-organismes transforment ainsi les déchets végétaux en nutriments assimilables par les arbres ! De plus, les légumineuses (trèfles blancs, trèfle d’Alexandrie, trèfle de Perse, etc.) ont la capacité d’absorber l’azote atmosphérique qui se retrouve sous forme d’azote minéral absorbable par les arbres. Cette fertilité apportée par l’herbe permet de réduire ou stopper les ajouts d’engrais organiques.

 

Comment choisir la couverture végétale ?

Quelles espèces végétales choisir ? Pour enherber l'inter rang, plusieurs choix d’espèces s’offrent à l’arboriculteur : les graminées (fétuque ovine), les légumineuses (trèfle blanc, trèfle violet) ou encore les crucifères qui poussent facilement dans les sols pauvres. Ces espèces sont suffisamment couvrantes pour empêcher la croissante d’adventices.

Concernant l’enherbement des rangs, l’enjeu est de choisir une espèce qui ne concurrencera pas les arbres dans ses besoins en eau et en nutriments. Pour éviter cette concurrence, plusieurs agriculteurs choisissent le paillage plastique, un choix loin d’être économique et pratique puisqu’il se détériore lors des passages de machines.

En somme, le choix de l’espèce dépend directement de l’objectif souhaité concernant l’entretien du sol et des caractéristiques du verger. L’important est que l’enherbement soit suffisamment couvrant, ras et non compétitif vis-à-vis des arbres fruitiers. Ce dernier point de vigilance est d’autant pertinent dans les climats méditerranéens et sur les parcelles souffrant d’un fort stress hydrique et azoté.

Enfin, enherber permet d’absorber du carbone. Via l’action de photosynthèse, les plantes stockent du carbone dans leur organisme et dans le sol. L’enherbement est reconnu comme pratique de stockage de CO2 par le Label « Bas-carbone » dans la méthode verger. Un verger labellisé « Bas carbone », enherbé sur un minimum de 50 % de sa surface, peut fournir à l’arboriculteur un revenu supplémentaire grâce aux crédits carbone.