MyTree - 25/01/2023

Bouches-du-Rhône - Plantons pour créer un corridor écologique et pour protéger un vignoble

A l’heure des préoccupations croissantes sur la chute de biodiversité dans les milieux agricoles, un agriculteur poursuit son engagement vers une production durable en intégrant des haies bocagères sur ses terres.

 

 

Portrait d’une exploitation en polyculture biologique

Pratiquant l’agriculture biologique sur son exploitation, Thierry Seren vient d’achever la plantation de haies pour reconstituer un corridor écologique autour de son vignoble et d’une parcelle céréalière. Bien qu’une forêt de chênes soit à proximité de l’îlot agricole de 7 ha, aucune haie ne faisait de connexion entre le milieu forestier et agricole. Cette rupture paysagère nuisait à la faune dont l’habitat et le déplacement ne pouvait pas s’étendre au-delà de la forêt. La plantation des haies a ainsi contribué à la connexion entre plusieurs écosystèmes.

L’agriculteur est également motivé par l’intérêt de bio-contrôle des haies, certains insectes auxiliaires attirés par les fleurs des arbres s’avèrent être des prédateurs des ravageurs de la vigne (Agroforesterie et viticulture : un duo gagnant).

En favorisant ces auxiliaires, l’agriculteur bio peut diminuer l’usage des produits phytosanitaires bien que ces produits soient homologués biologiques et sans risque pour l’environnement et la santé humaine en faible quantité. En viticulture, les produits utilisés sont souvent à base de cuivre et de soufre qui, en s'accumulant dans le sol, peuvent atteindre des concentrations excédentaires contre-productives pour le développement des plantes selon l’INRAE. C’est pourquoi il est crucial de doser ces produits de manière raisonnable, voire diminuer en cas d’alternatives (auxiliaires de culture dans le cas de l’agriculteur). L’usage raisonné de ces produits passe également par une compréhension de la propagation des résidus sur d’autres parcelles agricoles ou des zones d’habitation. Les haies installées rempliront donc l’objectif de limiter les effets de dérives.

Multitâche, notre agriculteur porte également la casquette de paysan-boulanger ! En complément des vignes, il cultive des céréales et des oliviers sur une cinquantaine d’hectares (vignes comprises).

 

682 arbres plantés

Le projet se compose de 5 haies simples en bordure de parcelles de 7 ha qui sépareront les vignobles de la route et de la zone urbanisée. Des arbres de hauts-jets et de moyens-jets ont été placés en alternance avec des arbustes pour casser la monotonie du paysage. Cette alternance bénéficie à la faune : Thierry Seren le souligne en expliquant que “l’avantage de cette haie avec ses différentes strates, c’est de pouvoir accueillir toute une biodiversité”. Sans oublier que ces nouvelles haies connectées à la forêt avoisinante permettront le passage de ces animaux à la recherche de nourriture, de lieu de reproduction, de migration ou d’hibernation.

Pour ses haies, l’agriculteur a souhaité insérer des arbres au label Végétal Local, issus de son milieu méridional. Ainsi, 16 essences adaptées au climat local ont été choisies, essentiellement des essences mellifères (tilleul à grandes feuilles, aubépine monogyne, pistachier lentisque, troène des bois, amandier et prunellier) qui permettront d’attirer des insectes prédateurs des ravageurs de la vigne. De plus, ces essences auront la capacité d’accueillir 14 espèces d’abeilles dans les haies !

Enfin, afin d’optimiser l’effet brise-vent des haies, le choix s’est porté sur des arbres atteignant plus d’une dizaine de mètres, nous retrouvons ainsi le chêne pubescent, le micocoulier, le cormier et l’érable de Montpellier. Les cultures de blé seront ainsi épargnées de l'évapotranspiration excessive provoquée par le vent d’été. En évitant ce phénomène, le rendement pourra augmenter entre 6 à 20%.