Réchauffement climatique : quel futur pour les arbres en ville ?
Quels rôles jouent les arbres en ville ?
Bien que les arbres soient intrinsèquement liés aux milieux ruraux, il ne fait aucun doute qu’ils sont indispensables dans les milieux urbains. L’arbre participe au confort, à la santé et au bien-être des citadins. Qui n’a jamais apprécié de se promener dans un parc urbain ? Nous sommes sensibles au caractère esthétique des arbres et leur présence améliore notre bien-être et diminue le stress.
S’ajoute un confort thermique lors de canicules. Plus que jamais, les villes ont pris conscience de l’importance de la présence des arbres lors des grandes chaleurs. L’ombrage des arbres crée un microclimat de fraîcheur apporté par les feuilles mais également par l’évapotranspiration. En effet, le feuillage des arbres relâche une certaine quantité d’eau diminuant ainsi la température ambiante.
Les arbres sont donc nécessaires pour contrecarrer les îlots de chaleur. Les arbres sont de véritables filtres à air pour notre santé. En effet, un alignement d’arbres peut réduire de 50 % les particules fines que soient le dioxyde de soufre, le monoxyde de carbone et le dioxyde d’azote. De trop fortes concentrations sont nuisibles pour la santé et pour l’environnement. En Ile-de-France, 1/10 des décès serait lié à la pollution atmosphérique.
En 2050, 68 % à 76 % des espèces d’arbres seront en danger
Une équipe de chercheurs français et australiens ont publié une étude en septembre 2022, disponible sur le lien Climate change increases global risk to urban forests | Nature Climate Change. Celle-ci s’intéresse à la fragilité des arbres en milieu urbain en raison du réchauffement climatique. Au total, 3 129 essences d’arbres et d’arbustes ont été étudiées dans 164 villes réparties dans 78 pays. Le constat est alarmant : d’ici 2050, 68 % à 76 % des espèces d’arbres se trouveront en situation de risque, surtout s’ils se situent dans des villes proches de l’équateur tels que New Delhi et Singapour.
En France, les arbres des villes méridionales comme Montpellier sont menacés. L’étude révèle qu’ils seront à risque à hauteur de 83%. Parmi ces arbres, sont répertoriés les frênes, les chênes, les érables, les peupliers, les ormes, les tilleuls, les marronniers… des essences communes aux régions françaises.
Deux facteurs du réchauffement climatique sont pris en compte : le manque hydrique et la hausse des températures. Dans ces conditions climatiques, les arbres s’engagent dans une stratégie de survie en diminuant leurs activités photosynthétiques et leurs transpirations. Ils s’affaiblissent peu à peu, et perdent leurs feuilles dans le cas de feuillus. De plus, les ravageurs profitent de leur affaiblissement pour se nourrir et se reproduire. C’est le cas du scolyte, un coléoptère qui fait des ravages dans les forêts de l’Est.
Les effets négatifs ne feront que s’intensifier en termes de fréquence. Au cours de l’année 2022, le printemps a été le 3e plus chaud depuis 1900, derrière 2020 et 2011. On note aussi un fort déficit hydrique (- 45%).
L’absence d’arbres en milieu urbain affectera fortement la qualité de vie des citadins. En tenant compte que plus de la moitié de la population mondiale vit en zone urbaine, la place de l’arbre en ville doit devenir un enjeu majeur dans les politiques publiques d'aménagement.
Quelles sont les solutions d’adaptation ?
Parmi les solutions proposées, il est suggéré d’offrir davantage d’espace non artificialisé en ville. L’artificialisation des sols est la principale source d’inondation en ville. Lors de fortes intempéries, l’eau ne s’infiltre pas dans le sol, elle s’accumule et peut provoquer des dégâts mortels. Les inondations récentes dans la région des Marches en Italie ont d’ailleurs provoqué le décès de 7 personnes.
Sans une infiltration efficace, les arbres n’ont alors que peu de ressources dans des sols asséchés. Certaines villes prennent l’initiative de retirer des espaces bétonnés au profit d'espaces verts. Ce phénomène de désimperméabilisation est adopté notamment par la ville de Reims qui se lance dans un projet de végétalisation d’une ancienne friche d’activités de 7 hectares.
Enfin, le choix des essences n’est pas négligeable. En privilégiant des essences résilientes, c’est-à-dire résistantes à la chaleur et au stress hydrique, les arbres en milieu urbain auront une meilleure garantie de survie au changement climatique. Une mission loin d’être évidente car si les essences indigènes sont menacées, l’attrait vers des essences plus résistantes mais exogènes risque de provoquer des phénomènes d’invasion.