MyTree - 08/06/2022

La COP 15 Désertification : Décryptage du sommet mondial

Quelles solutions face à la dégradation des terres et la sécheresse de plus en plus préoccupante? La COP15 sur la désertification a essayé de répondre à cette question du 9 au 20 mai 2022. Retour sur ce sommet mondial.
 
 
Elle fait les gros titres dans tous les médias ces dernières semaines. Les agriculteurs la redoutent chaque été. Cause et conséquence de crises climatiques, elle semble progresser chaque année. Nous parlons bien de la sécheresse. A renfort d’études scientifiques, les experts alertent sur ce problème mondiale dont la sphère politique mondiale y répond tous les 2 ans à travers la COP sur la désertification. Premiers touchés par ce phénomène, le continent africain en est le principal intervenant. Bien que moins médiatisé que la COP Climat ou la COP Biodiversité, la COP Désertification n’en est pas moins importante. Cette année, la COP15 portait sur le thème : « Terres. Vie. Patrimoine : d'un monde précaire vers un avenir prospère ». Pas moins de 196 pays se sont réunis à Abidjan, Côte d’ivoire, pays hôte de l’évènement. Au total, 7000 politiciens, experts et représentants d’entreprises ont fait le déplacement. Un chiffre plutôt faible face aux 40 000 participants à la COP21 sur le climat à Paris en 2015. 
 
Durant 2 semaines, les participants ont délibéré autour de l’enjeu principal qu’est la dégradation des terres agricoles. En parallèle, il a été évoqué les problèmes de migrations forcés, la pauvreté et les enjeux fonciers avec notamment en toile de fond l’égalité homme/femme.
 
Plusieurs temps forts ont rythmé l'événement : 
 
  • Une réunion des politiques sur le thème de la pauvreté et la gestion des terres
  • Un forum des jeunes représentant les futures générations
  • Un Green business forum rassemblant les grandes entreprises agroalimentaires
  • Un débat sur le genre axé sur l’accès équitable des femmes à la gestion foncière

 

Un état d’urgence déclaré mais peu de mesures concrètes

Les 2 semaines de débat ont débouché sur de grandes déclarations alertant sur la nécessité d’agir ensemble contre la crise climatique. De nombreux pays ont pris la parole pour marquer leur engagement, dont la France. Une grande décision ressort des discours : la restauration d’un milliard d’hectares de terre dégradée d’ici 2030. Les détails de cette mesure ne sont pas précisés. Pourtant, un rapport de l’Union Européenne paru en avril dernier précise que 40% des terres mondiales agricoles sont dégradées. Restaurer un milliard d’hectares est un pas en avant mais le chemin est encore long. En addition de cette mesure, 128 pays se sont engagés à respecter une dégradation neutre.
 
Autre point d'accord, “l’initiative Abidjan” prend forme sous la volonté de restaurer 20% du couvert forestier initial du pays d’ici 2030 pour un budget de 2.5 milliard de dollars. En y regardant de plus près, on s’aperçoit que la plupart des décisions et déclarations se traduisent par des objectifs peu précis en termes d’actions. Parmi ces objectifs : renforcer la résilience en identifiant l’expansion des zones arides, combattre les risques de catastrophe et lutter contre les migrations forcées. Un des points admis par le président de la Côte d’ivoire est le manque d’engagement du secteur privé. Les grandes firmes agroalimentaires étaient pourtant bien présentes, nous pouvons citer Nestlé, Olam, Barry Callebaut. Or, plus de 70% des terres agricoles appartiennent à seulement 1% des fermes. Ce 1% appartient à de grandes exploitations subventionnées par des entreprises agroalimentaires précise le rapport de l’International Land Coalition (novembre 2020). Comment peut-on restaurer efficacement à grande échelle quand la majorité des propriétaires des terres ne s’engagent pas ? La réponse à cette question est dans les mains des firmes multinationales et des politiques.
 
La COP15 était aussi l’occasion de faire un bilan sur la grande muraille verte. Ce projet vise à accomplir les objectifs suivants : la restauration de 100 millions d’ha de terres dégradées dans la bande soudano-sahélienne d’ici 2030 ; séquestrer 250 millions de tonnes de carbone ; créer 10 millions d’emplois verts. Lancé en 2007, cet ambitieux projet s’est avéré être un échec. La seconde phase du projet souhaite inclure les populations locales. Les résultats sont attendus au tournant par la communauté internationale.
 
 

La désertification : un fléau mondial en progression

La désertification n’est pas synonyme de progression du désert. “Le terme désertification désigne la dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et subhumides sèches par suite de divers facteurs, parmi lesquels les activités humaines et les variations climatiques” explique l’Union Européenne. Ce phénomène a pour conséquence un appauvrissement de la biodiversité et une augmentation des risques climatiques, à savoir la sécheresse, les inondations ou encore les tempêtes de sable.
 
Par effet boule de neige, les conséquences de la désertification conduisent lentement mais sûrement à une diminution de rendement agricole. La production céréalière est en baisse dans plusieurs pays sahéliens avec en tête le Niger qui enregistre une baisse de 39% en 2021 selon l’Agence Française de Développement. La guerre actuelle en Ukraine ne fait que rajouter une pierre à l’édifice de l’insécurité alimentaire.
 
Bien que le continent africain soit la première victime de la désertification et de la sécheresse, cette problématique ne s’arrête pas aux frontières de l’Afrique. Selon les Nations Unies, plus de la moitié de la population mondiale en 2050 sera exposée au manque d’eau. Et, combiné à la dégradation des terres arables, 50 millions de personnes pourraient migrer dans les 10 prochaines années. 
En outre, 2 milliards de personnes dépendent économiquement des zones arides. Ce chiffre est révélateur de la mise en péril de la stabilité socioéconomique. 
 
En France, bien que les aléas climatiques font partie de leur quotidien, la sécheresse préoccupe particulièrement les agriculteurs. En avril 2022, les météorologues observent un déficit hydrique général de 25%. S'ajoutent à cela les hausses de températures sur tout le territoire français. 

 

L’agroécologie : un système de résilience face à la désertification 

Alors que faire ? La danse de la pluie n’étant pas scientifiquement prouvée, les experts préconisent de repenser l’agriculture de façon résiliente. En effet, considéré comme une cause principale de la dégradation des terres, l’agriculture peut être la source de solutions. La FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations) insiste sur la nécessité d’adopter des pratiques agroécologiques dont l’agroforesterie. Ces pratiques innovantes se sont retrouvées au cœur du débat avec notamment l’exemple de la culture du cacao sous couvert végétal.
En tant que modèle de résilience, l’agroforesterie est en plein essor dans de nombreux pays. 
 
En France, MyTree est l’un des acteurs engagés contre les effets de la sécheresse. Nous plantons des haies bocagères qui participent grandement à la régulation des températures au sein des cultures, un meilleur stockage des ressources hydriques et bien plus encore ! Un prochain article sur les bienfaits de la haie face à la sécheresse sera bientôt publié.